jeudi 3 mai 2012

De "Ceaucescu" à "Gosselent" analyse

dimanche 20 juin 2010


Ceaucescu et le stalinisme (2)

Le stalinisme et Ceaucescu

L’armisticesigné le 13 septembre 1944, le ministre de l’intérieur exhorte alors les Roms à reprendre leurs activités traditionnelles en Roumanie, devenue en 48 une démocratie populaire sous le joug de l’URSS stalinienne... où de nombreux assassinats, tortures, arrestations arbitraires, etc.... sont organisés pour la prise de pouvoir d'un PC qui ne regroupait que quelques centaines d’adhérents en 1945. Il ne semble pas que sous Gheorghiu Dej, alors secrétaire du PCR, une différence existe entre le sort réservé aux Roms et ceux des autres citoyens de Roumanie, les discriminations racistes s’exerçant plus particulièrement à l’encontre de Hongrois, de Serbes ou de Croates. Les Roms restent néanmoins essentiellement utilisé comme main d’œuvre non-qualifiée de l’industrie et de l’agriculture.
 

Mais en 1965, Ceausescu prend la tête du PC. La Roumanie connaît la plus forte croissance économique de tous les pays d’Europe, et prend ses distances avec l’URSS. Seul pays du pacte de Varsovie qui n’envoie pas ses chars à Prague en 1968, la Roumanie devient le plus convenable des pays de l’Est pour l’Occident. De Gaulle, en voyage officiel en Roumanie en 1968, proclame " La Roumanie aux roumains ".

Les daces,


"surhommes" de Ceaucescu
Indépendante" de l’URSS, la Roumanie développe une idéologie ultra-nationaliste raciste. Ceausescu déclare  la supériorité de la race "dace". A part la campagne nationale de 1977 qui confisqua tout l’or (bijoux) appartenant aux Roms, il y a peu de documents sur leur situation à cette époque  mais un fait est avéré::.:
SUR LES  80.000 ENFANTS
trouvés en 1990 dans les orphelinats roumains,  (véritables mouroirs au taux de 
mortalité de 50 et 60%/ an) 80% étaient roms (alors qu'ils ne représentent que 10% à 20% de la population). Matériel non stérile,  épidémies de sida, hépatites, choléra... ce nombre incroyablement élevé serait le résultat d’une politique délibérée : au nom d'une prétendue supériorité des "daces", le peuple qui habitait la Roumanie avant la conquête par les romains en 101, les roms étaient réduits à une main d'œuvre servile dont ces mouroirs épongeaient le surplus: une autre forme de génocide.

 La "révolution" roumaine et les pogroms qui ont suivi

Lors de la révolution de décembre 1989 qui débarrassa le pays des  Ceausescu, le racisme dont les roms sont les premières victimes demeure. Des rumeurs circulent, ils auraient tous étaient des agents de la Securitate, Ceausescu lui-même aurait été rom, la presse ne cesse de publier des articles sur des foules armées de couteaux qui sèmeraient la terreur dans le train Sofia-Bucarest, l’Orient express devra être placé sous surveillance policière pour éviter les raids romani etc... Une véritable campagne de pogroms anti-roms se développe dans toute la Roumanie. Dans des villages, des maisons sont incendiées, des roms, assassinés...


Du 13 au 15 juin, des mineurs, amenés en train à Bucarest pour réprimer des manifestations anti-Illescu (chef du gouvernement), encadrés par des officiers de police, se dirigent vers les campements roms de la banlieue  et les détruisent. Des hommes sont battus jusqu’à perdre conscience, des femmes violées, nombre sont emprisonnés et relâchés seulement quelques semaines plus tard, sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux. Les  incendies, parfois accompagnés de lynchages s'intensifient. Quasiment quotidiens, il arrive que leur cause officielle soit une simple rixe à une sortie de bal entre gadjés et roms et que la police n'intervienne qu'après.. pour arrêter les roms qui y auraient participé !
Exemple d'un rapport  de commission gouvernementale  suite à un pogrom: on peut y lire que "les événements n’ont pas motivations ethniques, la communauté rom a sa part de responsabilité... elle est un danger pour la stabilité ethnique... car ils ont entre 5 et 10 enfants, ne sont pas du village, ne possèdent pas de terre donc certains vivent du vol.. que leur niveau culturel est très bas... ils n’observent pas les rites religieux orthodoxes, n’ont pas de société agraire, perturbent l’ordre par des violences verbales... obscènes, volent etc... une véritable synthèse des préjugés racistes significative de la façon dont police et justice traitent ces pogroms.


"Mort aux tziganes"! (en 90!)
Ce genre de violences de grande envergure à l’encontre des roms a perduré pendant toutes les années 90. Depuis, si on en croit le rapport de la Commission Européenne contre le Racisme et l’Intolérance (23 avril 2002), "les affrontements violents, comme ceux qui se sont produits durant les années 90 entre les groupes majoritaires et minoritaires de la population, notamment avec la communauté rom/tsigane, se sont apaisés". Pourtant, les discriminations subsistent à tous niveaux : violences policières régulières, politiques municipales dont le but est de les chasser, ségrégation dans les écoles, discriminations à l’embauche -dans les ANPE certaines offres précisent qu'elles ne s'adressent pas aux roms- discriminations quant à l’accès aux soins ou à certaines aides sociales, articles de presse et reportages télévisés les présentant régulièrement comme un peuple de délinquants, etc... L’extrême droite raciste, le Parti de la Grande Roumanie fait chorus avec une propagande anti-rom, antisémite et anti-magyar (anti-hongrois). La Nouvelle Droite colle régulièrement des affiches avec pour slogans "Mort aux tsiganes !" ou "Les roms hors de Roumanie! "

Le 13 mars, une quinzaine d’hommes armés de battes de base-ball ont attaqué un quartier romani de Sabolciu; le 8 mai 2002, environ 200 supporters de foot s'en prennent à un quartier rom de Bucarest en criant "les tsiganes hors de Roumanie", les agresseurs tabassant des habitants, cassant des carreaux et détruisant les portes pour entrer. La Desrrobireja des roms reste à conquérir. Cela explique -à nouveau- leur exode vers la France, le pays des droits de l'homme dont Sarko est un  fleuron (!)

Notes. Le terme officiel de Roumanie n’apparaît qu’en 1861 (l'indépendance) après l’unification des principautés de Valachie et de Moldavie. La Valachie est la région de Bucarest, la Moldavie, de Iasi. Le pays qui aujourd’hui s’appelle Moldavie est par contre né de l’unité de la Bessarabie et de la Transnistrie.

"Rom" ["homme" en romani] et c’est par ce terme qu’ils se désignent eux-mêmes -parfois-. Comme en roumain le terme "tsigan" est devenu synonyme d’esclave, nous n’employons le mot français "tsigane" que pour traduire des textes d’esclavagistes et/ou de racistes.
Gadjé: pluriel de "gadjo", désigne pour les Roms tous ceux qui ne sont pas originaires des "peuples du voyage", ainsi qu'on les nomme parfois, improprement car les roms sont pour la plupart sédentaires même s'ils prennent souvent la route malgré eux. Cause ou conséquence, ils sont souvent à la marge, habitant des HLM -ou dans des camps qu'on leur concède, la plupart du temps mal entretenus et situés à l'écart des villes près des décharges- mais gardent une caravane prête au cas où... et partent parfois durant d'assez longues périodes rejoindre des parents/amis en camp...
Un roman de Mattéo Maximoff "Le prix de la liberté" traite justement d’une révolte romani au 19ème siècle en Roumanie (édition Wallâda).

samedi 19 juin 2010


Périple géographique (2)

Le périple géographiquement à présent
Dans le monde
                                                                                      Aux amériques
En Europe

 
..... et une autre image de leur répartition, (Institut d'études tsiganes) en proportion de leur nombre et non  de leur pourcentage de la population du pays.
   
Migration des roms

Les roms -ou certains d'entre eux- arrivent d'abord en Grèce où ils se réunissent -quasi sédentarisation- sous le mont Gyps, d'où l'ethnonyme qui leur sera attribué, "gitans" ou "gypsi", qu'on croit aussi relié à leur séjour en Egypte. Ils parlent au départ l'hindi-ourdou [qui deviendra "romani"] la langue du peuple indien [dérivée du sanskrit dont il est proche -le sanskrit est la langue des textes sacrés et des castes cultivées, suscitée autrefois par des brahmanes comme langue"parfaite", quasi disparue, qu'il faudrait préserver à travers eux**]... mais qui se modifiera considérablement au hasard de leurs pérégrinations. Leur long séjour en Bohême -la Tchécoslovaquie- et les laisser-passer qui leur étaient octroyés par le roi Sigismond 1er à une époque où ils étaient utiles au pays -pendant les conflits, ils faisaient parti des "compagnies" militaires comme forgerons, maréchal ferrant... etc- ont donné le terme bohémien. Quant aux mots "rom" -devenu romanichel- et "manouches", ils veulent dire "homme" en romani -"rom" ne provenant pas de "Roumanie" ... même si c'est le pays où ils restèrent le plus longtemps... puisque ceux qui y "passèrent" furent arrêtés et réduits en esclavage pendant 5 siècles !

Vendu au poids

Quant à "tsigane", qu'il faut écrire avec un "s", il vient sans doute du sanskrit : "celui qui ne touche pas" et par extension, "celui qu'on ne touche pas", l'intouchable, le "dalit"... ou au contraire le noble qui ne "touche pas" -ce qui est impur-. Kshatrya -tsigane- désignant une caste de haut rang devint ensuite synonyme d'esclave -cigène, cigani en hongrois-.

Une partie alla vers le sud, l'Espagne, le Midi de la France, une, en Amérique -nord et sud-... et une autre, vers l'Est, l'Allemagne, la Russie, et même le Nord : on appelle en principe "tsiganes" ceux de l'Est et gitans ceux du Sud... les tsiganes, en raison de mélanges ethniques, étant parfois blonds et portant des noms germaniques et les gitans, plus foncés, parlant souvent le calo, dialecte sanscrit-hispanique. Le terme "caraque" qui désigne ces derniers est sans doute issu du turc "kara", noir ou du grec, "korakia", corneille ou -moins probable- des vaisseaux espagnols homonymes-.

Mais toutes ces désignations ont par la suite été connotées de manière raciste, même "tzigane" -ce que j'ignorais d'où le titre de ce blog.- Ces péjorations variant en fonction des lieux et des groupes, on doit avant tout interview demander "comment faut-il vous appeler ?" Dans le midi, c'est "gitans"ou tsiganes, Rom évoquant trop "Roumanie", pays qui leur a sans doute laissé des souvenirs impérissables: que l'on ne sache comment nommer un peuple est révélateur du racisme absolu dont il est l'objet, TOUS les ethnonymes le désignant étant, en UN lieu particulier -que l'on n'identifie pas au départ- devenus des insultes. Le cas est unique. A ce sujet, Claire Auzias note que dans l'échelle sociologique des victimes du racisme, ils ont le score maximum.

Les roms pour se désigner, emploient le mot rom ou tsigane, plus rarement manouche, qui est parfois lui aussi péjoratif, ainsi que gitan. Ils sont entre 6 et 13 millions dans le monde.

*Le peuple tsigane [donc le premier à migrer il y a un millénaire] a créé une musique devenue un genre à elle seule, comme la musique yiddish [à laquelle elle est apparentée, ainsi qu'au "blues"] qui survit à la quasi-disparition de la culture juive allemande. Leur population est demeurée plus stable aux USA et en Amérique latine -car ils n'y ont pas subi le génocide de 40-. D'où l'influence du jazz chez les grands musiciens tsiganes (écouter).

**Imaginez qu'existent des peuples parlant une langue la plus proche qui soit du grec classique ou du latin du 4ème siècle: les roms sont ce peuple pour le sanskrit ! Notons que c'est -tardivement- grâce à un linguiste slovène (Miklosich, 1872) qui avait observé une similitude entre la langue des roms qu'il avait entendue dans son village et le sanskrit parlé par ses étudiants brahmanes que leur origine indienne, depuis confirmée par la génétique, a été établie.
[cf le blog linguistique... que personne ne va visiter, tant pis..]
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cliquer pour agrandir l'image

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vendredi 18 juin 2010


Le voyage à travers la langue (2)

Le voyage à travers la langue
Note. Le sanskrit est la langue originelle de l'Inde antique qui fut remaniée par des brahmanes pour en faire une langue "parfaite", cas unique, et tel que, ne fut jamais parlé par tous. L'hindi, parlé majoritairement, est du sanskrit non modifié, ou plutôt modifié d'une autre manière -c'est en fait la même langue-. L'urdou, très proche, est sa version pakistanaise. Ici, à la différence du français et du latin, c'est la langue savante qui a "évolué" artificiellement. De fait, l'hindi est beaucoup plus proche du sanskrit que le français du latin, devenu langue morte... tandis que sanskrit "savant" est encore -rarement- parlé par des brahmanes. L'hindi est donc un sanskrit à la fois originel et vernaculaire, c'est pourquoi le terme "sanskrit/hindi". Voir cependant l'analyse différente de Jacques Leclerc sur le blog linguistique.
Le romani, avec ses 900 racines sanskrites, ses nombreuses terminaisons communes et sa syntaxe identique ou presque, est donc ou provient directement du sanskrit/hindi, avec des ajouts selon les pays où ils demeurèrent plus ou moins longtemps*. Or, la langue suit les hommes et si nous perdons la mémoire des lieux après plusieurs générations, la langue, elle, en garde la trace en nous. Et ce sont ses modifications qui reflètent l'histoire d'un peuple ici dispersé dans le monde entier.
En Europe orientale, les Roms de la première migration (jusqu'au 16ème siècle), implantés surtout en Grèce et en milieu rural ont gardé l'usage du romani, avec des mots rajoutés. -Sauf en Hongrie où seuls les Olaths l'ont conservé, les autres étant hongrophones**-.
Progressant très tôt vers des régions de langue allemande, ils le germanisent, c'est le sinto, également parlé en Italie, dont une forme proche est appelée manouche en France.
Ils arrivent en Espagne où, interdit par l'Inquisition, il disparut mais une partie du vocabulaire survit dans le kalo des Gitans à base grammaticale espagnole.
Un phénomène similaire aboutit en Angleterre à la constitution du pogadi.
Du sous-groupe balkanique est né un langage romano-balkanique qui ne s'est guère étendu...
mais en Turquie ensuite, avec le turc -et le kurde, il a donné naissance aux récents kelderaś, ćuràri et lovàri qui correspond à la seconde migration (19ème siècle).
Langue de diaspora, le romani a perdu par endroits une partie de son lexique et introduit des termes étrangers par nécessité, si bien que parfois les roms ne se comprennent plus très bien. Mais, malgré les différences, les éléments conservés demeurant, avec la restauration du vocabulaire oublié, il a été possible de re-constituer ou de constituer une langue du rassemblement comme il a été fait pour l'hébreu moderne, à la fois "originelle" et "espéranto", la langue ancienne recréée qui permet donc à tout un peuple de retrouver sa culture c'est à dire d'abord de se comprendre. Une des plus vieilles du monde. Il y aurait 65 000 locuteurs actuellement.

* Note de moi : si le romani a perdu une partie de son vocabulaire, il en a sans doute fourni à certaines langues hôtes -le turc et surtout le kurde -le kurmandji- où on trouve des mots sanskrits (à moins qu'ils n'y aient été précédemment) exemple : "gel" veut dire "groupe" en kurmanji, (cel en sanskrit) ; mirov, homme (manush en sanskrit -man en anglais-) etc... Une interrogation : le terme "romanichel" que l'on traduit par groupe -cel- d'hommes -rom-... ne proviendrait-il pas de rom (parfois traduit par "artiste" ou "artisan") + manush (hommes en romani et en sanskrit) + cel, groupe ? ce qui donnerait alors "groupe d'hommes artistes" ? Car on voit mal pourquoi le mot "homme" semble écrit deux fois (rom+manish),  à moins de supposer que c'était pour relier deux tribus différentes, les roms -du "sud"-, et les manush -de l'Est-? Ce qui donnerait alors "groupe de manush et de roms", les gitans étant en ce cas "exclus" de l'ethnonyme. Serait-ce la cause de leur refus -parfois violent- du terme rom ou romanichel ?  
De même en turc, "génocide" se dit "soykirimi", (samudaripen en romani)... 
Une parenthèse rigolote : l'argot parisien ou des banlieues comprend beaucoup de mots d'origine romani  (chouraver ; lashav -honte-;  minj -vagin-; moulène)...  si bien que les petits truands qui croient s'exprimer à la coule en fait usent sans s'en douter d'un vocabulaire sanskrit, la langue savante entre toutes.
Référence : Marcel Courtiade, (second article)
 ** En Hongrie, où la population rom est entre 400 et 700 000 personnes, l'assimilation, parfois violente -des enfants étant enlevés à leur parents sous le règne de Marie-Thérèse, celle-ci refusant une nation dans une nation, le romani interdit etc..- a été la plus forte d'où le terme de "romungros", romhongrois. 
Un cas particulier, la Hongrie et les Balkans, 
l'amour et la haine
Répartition des roms en Europe. 
Une carte assez différente de celle du début du blog !  
Turquie-Roumanie, Bulgarie-Hongrie-ex Yougoslavie-Espagne 
seraient les pays où ils sont les plus nombreux.
40 à 70%  des roms européens vivent dans les Balkans, refoulés d'Europe de l'ouest après un bref séjour -leur périple ayant parfois pris l'allure d'un aller-retour [sauf dans le Midi de la France et en Espagne où des communautés s'implantèrent solidement] ou appelés du 15ème au 17ème siècle par les hongrois et les bulgares en guerre contre les turcs pour participer aux "compagnies" militaires comme forgerons, soigneurs de chevaux ... indispensables. Ils se sédentarisèrent de plus en plus mais après la victoire au 17ème, la politique violente de Marie-Thérèse qui bannit le mot tsigane, remplacé par celui de "nouvel hongrois", aboutirent à une quasi perte d'identité
De même Mustapha Kemal  imposa-t-il le terme de "turcs des montagnes" pour les kurdes qui après avoir défendu la Turquie en première ligne, furent ensuite "interdits de culture" et de langue sous prétexte d'unification du pays.
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Quelques mots sanskrits à
l'origine de mots latins et/ou français
-le sanskrit est une langue rigolote-

hrepan : apte à faire honte, cf répugnant.
adin : qui réjouit, distrait, amuse, cf baladin
rada : bruit, grondement, cf râle
hras : diminuer, s’amoindrir, cf raser
aksa : essieu de voiture, objet tournant, cf axe
akritya : le mal, cf crime.
Amsa : épaule, en latin umerus, cf humérus
mudarem : tuer, cf meutre
sutra : extrait, tiré de, jus, suc,
désigne aussi l'enfant d'un kshatrya et d'une brahamani ! destiné à devenir conducteur de char et "bateleur" d'un seigneur militaire dont il devra aussi écrire au fur et à mesure, en vers, la chronique des haut-faits et la diffuser -la déclamer- au passage pour les fans, à la fois agent publicitaire chargé de com, troubadour et chef de staff : Aragon ou Froissard et Philippe Noiret réunis.. en sanskrit, cela se dit en un seul mot de cinq lettres.
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jeudi 17 juin 2010


Les roms ? un peuple ou non ? Analyse -différente- des origines des rroms de Faysal Riad, linguiste, et Kodiak (2)

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 Faysal Riad, linguiste, de "dazibaoued", LE site à ne pas rater.
"Les roms, et les autres exclus"


Selon le Robert, les Tsiganes sont des populations originaires de l’Inde, apparues en Europe au XVIe siècle, qui mènent une vie nomade en exerçant divers petits métiers...
C’est ce qu’on croit des Bohémiens, Gitans, Zingaros, Manouches, Romanichels et autres Roms. Issus d’une migration partie d’un point unique, l’Inde, et vivant en marge de toutes les sociétés, la vision est fondée sur un schéma évolutionniste crée de toutes pièces par des historiens européens au XIXe siècle.

De bons musiciens

Très souvent méprisés, exécrés, ils n’intéressent personne. Le succès de ces clichés permet de ne pas voir la violence avec laquelle sont traités habituellement les nomades marginaux: s’ils sont pauvres, qu’ils vivent dans des conditions intolérables, c’est que cela fait partie de leur culture...

En réalité, les nomades d’Espagne, de France ou de Bohême ne parlent pas la même langue, n’ont pas la même culture et ne sont pas tous originaires d’Inde. Cf Nicole Martinez ''Que sais-je ?'' sur les Tsiganes. L’orientalisme, part souvent d’idées préconçues, fausses ou a demi vraies qui ont toutes réduisent les responsabilités des sociétés excluantes.

Comme c’est le cas lorsqu’on veut inférioriser un groupe sans pour autant paraître raciste, certains clichés se veulent positifs : comme les noirs souvent considérés comme moins intelligents mais par ailleurs de bons chanteurs, de bons danseurs et de bons coureurs, nos Tsiganes, ''voleurs de poules'' feignants, sont de grands musiciens et leurs femmes de grandes danseuses... Si le talent musical de Mozart ou de Debussy s’explique par leur génie propre, celui de Django Reinhardt ou de Sayyed Youssouf ne peut s’expliquer que par la vélocité propre à son peuple...

Un peuple unique, une origine commune ?

Dans le monde entier, ont toujours vécu en marge des sociétés des ''populations flottantes''. Peut-être d’origine indienne... Des guerres oubliées, des massacres dont personne ne se soucie, ou des tragédies dont les historiens ont peu parlé, ont poussé de nombreux groupes très différents à migrer pour survivre. Exemple : la destruction de ville de Belluno en 1873, dont les quelques survivants qui n’étaient pas d’origine indienne, ont migré un peu partout. Il y a des groupes qui passent pour des Tsiganes un peu partout dans le monde: Tatares scandinaves, Tinkers irlandais, Sankas japonais ou Pochas arméniens. Toujours méprisés, ils ont rencontré de grandes difficultés pour se sédentariser. Il serait néanmoins naïf de croire que les roms du Bourget ou de la Courneuve sont les descendants des Égyptiens présents dans l’oeuvre de Molière, car nombre d’entre eux ont fini par acquérir une nationalité et se sont finalement installés dans les sociétés qui les avaient exclus, profitant de périodes d’ouverture relative (ce n’est à l’évidence pas le cas de notre époque, qui a plutôt tendance à les rejeter violemment) note de moi : parfois, rarement, à un haut niveau et souvent dans des professions artistiques (Zavatta, Bouglione -qui disait de lui qu'il était "analphabète, gitan et milliardaire, dans l'ordre de l'importance"-, Cziffra, Carmen Amaya, Manitas de Plata, Django Reinhardt etc...)

Rêves et cauchemars européens

Notre imaginaire collectif, s’exprimant à travers la littérature ou la peinture, a depuis très longtemps considéré contre toute logique que tous ces peuples avaient une seule et unique origine, forgeant ainsi une identité fictive très mystérieuse, tour à tour objet de haine, de peur, de curiosité, de mépris, ou le cas échéant, objet d’amour ou de compassion.

Baudelaire a largement contribué à la mythification des bohémiens aux prunelles ardentes; de même que Victor Hugo et sa Cour des miracles... A cet égard, l’évolution du sens du mot bohémien est très révélatrice de l’exploitation romantique de ces nomades exclus de toutes parts. En réalité, cette littérature tsiganophile dressant le portrait-robot d’un nomade immuable et éternel nous en apprend plus sur les pulsions et les peurs de nos sociétés que sur les véritables Tsiganes ou sur nos capacités à exclure des groupes divers et variés.
Traits communs

Les comportements similaires observés par les tsiganologues, qui seraient autant de preuves de l’origine commune de tous les peuples flottant à travers l’Europe, ne sont que des traits communs à toutes les populations défavorisées. Ces comportements s’observent notamment au Mexique, dans les cités dites de transit françaises, dans les ghettos noirs américains, ou chez exclus paupérisés des pays de l’Est. Des traits communs sociologiques ne suffisent pas à créer un peuple, et la culture ne peut se réduire au mode de vie: tous les nomades n’ont pas la même origine et l’isolat social ne l’implique pas. Tous ceux que nous appelons Tsiganes ne parlent pas la même langue et leurs musiques par exemple sont très différentes.

Il n’est dès lors pas étonnant de voir des peuples divers, n’ayant souvent aucun lien entre eux, adopter des modes de vie comparables lorsque leurs situations sont comparables exclus, vivant en groupe et vivant dans des espaces périphériques, s’habillant de bric et de broc. Mais essayez de vivre en famille dans la banlieue d’une grande ville européenne avec trois fois rien, vous verrez comment vous seront facilement attribuées d’évidentes origines indiennes..." Faysal Riad, voir blog cité précédemment.


Kodiac (lien avec Rue 89)


"Les Rroms ne sont pas et probablement n'ont jamais vraiment constitué ni une nation ni même un faisceau de nations. Il n’y a des familles, des clans, des relais de regroupement, géographiques, temporels, (spatiaux-temporel) mais de notion de peuple au sens habituel non. Et bien sûr que ce sont eux aussi comme tous de fieffés humains, des roublards, jaloux les uns des autres, violents avec les femmes plus souvent qu'à leur tour mais pas toujours, sujets aux préjugés etc… Pour ce qui est de leurs pratiques religieuses et/ou cultuelles, je ne les connais pas bien et ne saurais trop qu'en dire. Mon père en savait certainement plus, lui que ses amis essayaient vainement de retenir par ses pans de chemise d'aller passer des nuits avec eux. En tous les cas, cette histoire d'ouverture brusque des frontières internes de Schengen, ils la subissent tout autant qu'elle remet en branle de très vieux réflexes, ataviques, de bougeottes. Beaucoup y ont perdu le peu de stabilité que le gel de la période communiste avait pu leur octroyer. Ils auraient bien aimé sûrement pouvoir rester où ils s'étaient fait des vies. Ces gens au sein de leurs familles et groupes ont depuis beau temps appris, durement, que les deals que les Gadjés passaient avec eux – comme ceux passés avec les amérindiens en d'autres lieux - ne duraient jamais aussi longtemps que l'herbe poussera sur la plaine. Après on les traite d'instables. Lorsqu'ils ont réussi à s'implanter dans certains coins (à une époque la moitié de la ville de Most était aux tziganes et ils la tenaient fermement à grands coups de pognon, pas toujours illégal du reste). Mais je t'en fiche, l'eau s'infiltre : "Du pognon tzigane gagné à la loyale contre nous ? Cela n'existe pas !" monte la rumeur qui enfle avec les habituelles accusations dégoûtantes. Quelle amertume ne devrait-on pas lire sur leurs figures, mais non : infinie fatigue plutôt. L'ingratitude et les manques de parole du Gadjo-en-tant-que-tel sont intégrés depuis bien plus de mille ans. C'est trop longtemps, le temps qui pèse est lourd, gris, fade, sans fin, une non-vie. L'homme ou la femme rebondit, et ils continuent à fréquenter les non-Rroms qui lui plaisent et l'attirent, qu'ils attirent. Les Rroms, les Gitans, les Tziganes et les manouches ? ça n'existe peut-être pas. Il veut vivre et elle a de la ressource aussi ! Ensemble ou pas ensemble : on verra (lien avec l'article "Est rom celui qui dit être rom). " 
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Les Droits de l'homme. Ma réponse à Marc au sujet des roms

"La France est le pays des droits de l'homme... et sais-tu, on a une réput d'enfer à laquelle je dois peut-être la vie... un jour qu'à Beyrouth où on venait d'arriver, on a été arrêtés à un check point; un soldat de la la "force arabe" [des casques bleus] m'a demandé de "sortir mes papiers", j'ai mis la main à mon sac... et tout de suite, un bruit bizarre "klllkkk", je lève la tête : la kalach armée est braquée à quelques centimètres de ma tempe, le cri en arabe mon mari "elle est française", et au mot française, j'ai aussitôt vu s'abaisser le canon, un disjoncteur! C'était un brave type qui m'a dit ensuite pour écraser le coup : "excuse-moi, je pouvais pas savoir, au Hamas aussi, ils en ont des blondes, des jolies comme toi..." Faire sauter la tête d'une française, le pays de Schoelcher et des droits de l'homme, tout confus il était... On a bavardé ensuite quelques secondes en copains: "c'est pas grave, je comprends, allez, j'ai même pas eu peur..." On s'est marrés : de retour à Ndiago, il se serait fait tirer les oreilles bien comme il faut par sa maman qui ne plaisantait pas avec l'abolition de l'esclavage... Or pour elle, c'était la France, à jamais respectable.. De cela il faut se montrer dignes... et faire savoir partout très fort qu'on se défausse de Sarko. [Au fait, est-il vraiment tout à fait français, celui-là ? Faut voir : il serait mal fringué et dans un camp de roms qu'il ne ferait pas un pli, ouste, dehors.] Hélène."

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mardi 15 juin 2010


(2) Les roms, un peuple ou non ? suite. Est rrom celui qui dit être rrom



 "Est rom celui qui dit être rom"

Peuple totalement syncrétique et prosélyte, les roms se définissent ainsi, est rom celui qui dit l'être, cas exceptionnel -mais la réciproque n'est pas vraie, comme le montre le drame de Bronislava (lien)-. Autre lien, Baptiste Cogitore (lien).
Il est étonnant que peu de romanciers se soient inspirés de ces histoires qui nous sont offertes par la vie sans qu'on n'ait à y toucher. Cela vaut pour les kurdes, les indiens et en général tous les peuples opprimés-génocidés : l'histoire, les sagas, la littérature et même la poésie sont faites par les vainqueurs ou par l'idéologie dominante. Du côté des noirs, il n'y pas d'équivalent à "Autant en emporte le vent", écrit par une esclavagiste à la gloire du Sud vaincu et du Kluk Kluk Klan : ce roman où ils sont représentés comme des débiles mentaux et les tortionnaires du KKK comme d'héroïques gentlemen est toujours vendu avec un succès inégalé sans la moindre censure. Un romancier rrom cependant pallie actuellement cette lacune dans la littérature pour les siens, c'est Roberto Lorier qui a commencé une série historique avec "Pâni et le peuple sans frontières". 

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Analyse de  Kodiac  (lien)


"Rroms est une appellation artificielle. Certains groupes ne se considèrent plus comme liés aux autres et ont développé des identités culturelles propres, les gitans notamment dont une infime fraction a provigné ensuite en Amérique du sud. D’autres provenances sont mystérieuses, les yéniches par exemple. D'un autre côté, certains groupes fuyant la misère ou le rejet sont devenus nomades -mode de vie qui était imposé aux roms pour les mêmes raisons- sans être issus du même fond génétique, exemple les travellers irlandais après la grande famine de la pomme de terre. 
Un de leurs points communs est qu’ils se déplaçaient en chariot -pas forcément loin-, et dit-on sans bruit.. et parfois de nuit, ce qui faisait peur aux paysans*.. et qu’ils étaient reconnus experts en chevaux, en artisanats d’art. Les tentatives récentes de créer un organe représentatif qui mette tout le monde d’accord et d’abord eux sont un exercice difficile.


* Note de moi : on a ici un douloureux paradoxe. Bien qu'ils soient chassés partout, leur errance pose "problème".. MAIS leur sédentarité aussi puisque dans certains pays comme la Tchécoslovaquie, on a abattu tous leurs chevaux pour les forcer à.. A quoi? A se sédentariser? Non puisque leur installation aussi pose "problème" ! c'est donc leur existence même qui pose problème, on a là la définition d'un génocide, réel (les nazis) ou fantasmé... mais le fantasme est la racine de l'acte accompli. 

*Leur permettant peut-être de se fondre dans la nature et d’échapper éventuellement aux pogroms.
 

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 Les Rroms ne sont pas et probablement n'ont jamais vraiment constitué ni une nation ni même un faisceau de nations. Il n’y a des familles, des clans, des relais de regroupement, géographiques, temporels, (spatiaux-temporels?) mais de notion de peuple au sens habituel non. Et bien sûr que ce sont eux aussi comme tous de fieffés humains, des roublards, jaloux les uns des autres, violents avec les femmes plus souvent qu'à leur tour mais pas toujours, sujets aux préjugés etc… Pour ce qui est de leurs pratiques religieuses et/ou cultuelles, je saurais trop qu'en dire. Mon père en savait certainement plus, lui que ses amis essayaient vainement de retenir par ses pans de chemise d'aller passer des nuits avec eux. En tous les cas, cette histoire d'ouverture brusque des frontières internes de Schengen, ils la subissent tout autant qu'elle remet en branle de très vieux réflexes, ataviques, de bougeottes. Beaucoup y ont perdu le peu de stabilité que le gel de la période communiste avait pu leur octroyer. Ils auraient bien aimé sûrement pouvoir rester où ils s'étaient fait des vies. Ces gens au sein de leurs familles et groupes ont depuis beau temps appris, durement, que les deals que les Gadjés passaient avec eux – comme ceux passés avec les amérindiens en d'autres lieux - ne duraient jamais aussi longtemps que l'herbe poussera sur la plaine. Après on les traite d'instables. Lorsqu'ils ont réussi à s'implanter dans certains coins (à une époque la moitié de la ville de Most était aux tziganes et ils la tenaient fermement à grands coups de pognon, pas toujours illégal du reste). Mais je t'en fiche, l'eau s'infiltre : "Du pognon tzigane gagné à la loyale contre nous ? Cela n'existe pas !" monte la rumeur qui enfle avec les habituelles accusations dégoûtantes. Quelle amertume ne devrait-on pas lire sur leurs figures, mais non : infinie fatigue plutôt. L'ingratitude et les manques de parole du Gadjo-en-tant-que-tel sont intégrés depuis bien plus de mille ans. C'est trop longtemps, le temps qui pèse est lourd, gris, fade, sans fin, une non-vie. L'homme ou la femme rebondit, et ils continuent à fréquenter les non-Rroms qui lui plaisent et l'attirent, qu'ils attirent. Les Rroms, les Gitans, les Tziganes et les manouches ? ça n'existe peut-être pas. Il veut vivre et elle a de la ressource aussi ! Ensemble ou pas ensemble : on verra (lien avec un point de vue commun de Faysal Riad).

lundi 14 juin 2010


(2) Bel article de Georges Apap... accolé à un autre qui l'est beaucoup moins, les rroms, une exception historique de l'antiracisme même militant !

Une belle analyse de Georges Apap
citée par Jacques Cros
(lien) "Casse toi, pov’rom !"
"Nous aurions aimé voir nommer des préfets humanistes, sachant s’entourer de gens de culture et d’expérience, de professionnels de l’enseignement, de travailleurs sociaux, d’experts en sciences humaines, de policiers attentifs autant au respect de la loi qu’à celui des personnes, de spécialistes de la jeunesse délinquante, les uns et les autres soucieux de paix sociale.
Je parle de nous qui voulions aider certaines populations injustement traitées par des institutions hostiles et une opinion mal informée. Nous voici détrompés. Dans une proclamation tonitruante du 21 juillet 2010 le Chef de l’Etat annonce la nomination de deux préfets à poigne, tous deux grands policiers, avec la mission précise de chasser les Roms de leurs campements illicites. La solution était évidente. La délinquance est apparue dans notre pays avec l’arrivée récente de ces populations, Roumains persécutés dans leur pays, ou anciens Yougoslaves devenus apatrides. Ils ne peuvent être expulsés, les uns parce qu’ils sont communautaires européens, les autre parce qu’apatrides.
Depuis qu’ils sont parmi nous, les crimes et délits prolifèrent. On citera la corruption qui règne dans les sphères gouvernementales, les fraudes fiscales, les abus de biens sociaux, les évasions de capitaux, les délits d’initiés, et plus généralement toutes ces malversations qui épuisent les ressources du pays. Le Président a raison de les dénoncer à la vindicte publique.
Le remède devient évident. Il faut les chasser de camp en camp, de bidonville en bidonville. Oui mais jusqu’où ? C’est là que se posera la question d’une solution que d’autres ont appelée "finale". Encore un tout petit degré à franchir dans le tragique…
Cependant l’intégration de 15 000 roms dans un pays de 65 millions de citoyens généreux nous paraissait chose aisée, de même, à une échelle plus réduite, celle de 150 hommes et femmes dans une ville comme Béziers de 70 000 habitants accueillants, ne devait pas, pensions nous, poser de graves problèmes d’ordre public. Quelle erreur était la nôtre ! Le Président nous montre la voie : "Casse toi pov’Rom" !
Béziers le 22 juillet 2010. Georges Apap, ancien procureur de la République."

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Mais la suite n'est pas de la même veine
Vient alors un texte "poétique" évoquant les roms que "nous avons tous connus autrefois".. qui m'a a priori mise à l'aise d'instinct avant que je ne l'analyse : exhalant une condescendance bon enfant typique de la part de populations relativement bienveillantes voire dans le cas antiracistes militantes, il est insupportable, relatant a minima ce que les gitans pouvaient subir de leur part, y compris un "tour imbécile" qui ressemble fort à une tentative d'assassinat, sur le ton léger des mondanités après le café.. intéressant pour cela -en italiques, les passages en cause- et en raturé, mon analyse.

"Les Caraques" commentaire de texte, ce que disent les mots et surtout les silences

Note: à la première lecture, cela ne m'était donc pas apparu, juste un léger malaise, car ce texte suivait celui de Georges Apap.. Des propos certes un peu complaisants,d'un intellectuel humaniste ayant voulu faire rapidement un papier, plus tout jeune peut-être, qui soulignons le, suivent sa prise de position contre les expulsions ! C'est bien ce qui lui confère sa terrible portée. (En raturé, mes commentaires.) Je n'ai modifié que les noms des villages et des gens.

 "Clé, comme toutes les communes du Midi, connaissait les gitans. Le mot que l’on employait pour les désigner était "Caraques". Aucune mention ici de l'extrême péjorativité du terme, pourtant par la suite cité dans une anecdote comme une insulte, ce qu'il est objectivement. Certains d’entre eux, il me semble que c’était le cas des Stambul, avaient même une maison dans le village. Lorsqu'il s'agit de roms, c'est toujours : "il me semble"..."peut-être"... Quant à "Ils avaient même une maison", cela a l'air de supposer qu'il s'agît d'une incongruité. Rien de très très grave jusque là mais ça va monter en pression.
Dans la rue du Moulin habitaient un frère et une sœur qui devaient s’appeler Maurel. Lui parti, elle a continué à survivre là de manière misérable, sans aucun confort. Elle ne devait avoir ni eau ni électricité et sans doute pas de revenu. Cette maison, appelée la maison de la gitane, a été récemment démolie de même qu’une remise voisine qui appartenait à Pierre Borie. Ainsi a été créée une petite place, baptisée la Place des platanes, que l'on a conservés.
Pirouette. On attendait la suite de l'histoire de Mme Maurel, la  femme qui vivait sans revenus aucun. Comment se nourrissait-elle? Quelqu'un l'aidait-il? Pouvait-elle travailler ? Comment se soignait-elle? Se chauffait-elle? Quel âge avait-elle? De quoi est-elle morte ? de faim ? On n'en saura rien. Il n'y a là aucune compassion pour la pauvreté extrême de "la gitane" dont on se saura même pas le nom de façon sûre, oublié sans doute. Car l'auteur, soudain visiblement plus à son aise, laisse ce sujet sans intérêt pour s'étendre sur ce fait capital et passionnant que fut la création de la place des platanes et là, c'est sans hésitation: "une remise qui appartenait à Pierre Borie". Pierre Borie, c'est "quelqu'un", la gitane sans revenus aucun, c'est juste une gitane sans revenus aucun. Sans nom.

Une autre personne du village, amie de ma mère, avait des antécédents chez les gens du voyage mais elle s’était mariée et sédentarisée. Elle savait réparer les poussettes et on la désignait sous le nom de La Poussetièra.. Le terme d'"antécédents" est un terme judiciaire, surtout suivi de "mais", comme si le "délit" avait été atténué par sa sédentarisation. Et on note ici que le terme employé est "gens du voyage" et non gitan (ce qui n'est pas identique) comme pour édulcorer un fait gênant (il s'agit d'une amie de la mère de l'auteur.) Et si "Pierre Borie" sonne clair et net, pour ce qui est de celle "qui a des antécédents", c'est "on la désignait" suivi d'un surnom, un peu ridicule, comme souvent ceux attribués aux roms.

Quelles étaient les activités des gitans ? Vanniers sans doute, commerçants aussi. On voyait surtout des femmes qui proposaient du fil, des aiguilles, du tissu, des fioles contenant un produit permettant de fabriquer du pastis. Quelques-uns achetaient et vendaient des chevaux. Il paraît même qu’ils savaient les maquiller... Certains, les Jolo je crois, s’étaient spécialisés dans le trafic des voitures. Là, c'est le mot arnaqueur qui s'inscrit en filigrane sous le couvert de "il paraît". Que les faits soient exacts ou inexacts qu'importe mais que le seul élément clair sur les roms dans tout ce texte soit justement celui-là pose question! Et si le nom du "trafiquant" ici encore demeure flou ("les Jolo je crois") le "trafic", lui, passe soudain à l'indicatif : on a donc glissé du "on-dit" aux "faits avérés", si ce n'est un "Jolo", c'est alors un "Maurel" ou encore un "Stambul", mais enfin, un rom. 


A cette époque il n’y avait pas d’aire d’accueil pour les forains vanniers (oui encore une expression pour les désigner) et ils stationnaient un peu partout, notamment à la sortie de Clé sur la route de Malines. Aucune mention de la difficulté de la situation qui est faite aux gitans contraints d'aller où ils peuvent c'est à dire où personne ne veut aller.
C’était encore le temps des roulottes tirées par des chevaux qui n’auraient pas remporté de prix à Longchamp ! Ils se nourrissaient comme ils pouvaient, broutant l’herbe des talus. Mon père avait raconté le tour imbécile, il aurait pu être dramatique, que les jeunes du village, lui-même y avait peut-être participé, avaient joué à des gitans qui avaient mis leur roulotte dans une terrain en pente : ils avaient enlevé les cales qui la maintenaient immobile ! La misère, le dénuement des roms sont ici l'objet de plaisanteries cruelles ou au minimum d'une désinvolture sarcastique... Quant au "tour imbécile" dont on ne saura rien des conséquences (!) c'est tout simplement une tentative d'assassinat, éludée de manière plaisante [alors qu'on a tout appris sur ces faits capitaux que sont la démolition de la grange de Pierre Borie et la création de la place des platanes]. Y avait-il quelqu'un dans la roulotte lorsque ces salauds ont enlevé les cales? Des enfants? Comment les victimes s'en sont-elles tirées? Motus.

L’été il arrivait que s’installait sous le pont qui enjambe la Cèze toute une tribu. Les enfants étaient dépenaillés, les femmes vêtues de noir, les hommes pas très présents… C’était un spectacle car nous étions au contact direct depuis le pont avec eux et leur intimité. J’ai le souvenir précis d’une corneille ou d’un corbeau qui avait été élevée par ces gens et qui circulait librement parmi eux sans chercher à fuir. Là, même si l'histoire de la corneille vient enjoliver l'anecdote, c'est carrément un "spectacle" que les roms offrent malgré eux à des gamins qui lorgnent des hommes et surtout des femmes contraintes de dévoiler leur "intimité". Le texte devient encore plus pénible, l'auteur, tout à la joie de ses souvenirs d'enfance, se lâche, les clichés déboulent, les enfants dépenaillés, la tribu, les femmes. Aucune analyse des causes de ces "vêtements" loqueteux, éventuellement de la saison, des intempéries, de l'état de santé de ceux/celles qui sont insuffisamment couverts, de ce qu'elles pouvaient ressentir de se savoir observées sans pouvoir se protéger.. "Ces gens" renforce le fossé dont tout le texte est empreint entre "on", "nous" et "eux"; la connivence est exaspérante, l'auteur écrit pour "nous" c'est à dire forcément des non roms, à "leur" propos, comme les "objets" qu'ils sont... Des "gens" certes sympathiques (la corneille) et distrayants (!) que les jours d'ennui l'on peut "venir voir", plus exactement mater car il y a gros à parier que ce n'était pas la corneille qui intéressait le plus des ado. Aucune empathie, ils sont juste les "autres" qui "nous" divertissent. [Note: ce qui me fut le plus pénible en internat (et dit-on en prison) fut de n'avoir aucune intimité, aucun lieu où être seule (même pas à la douche, collective) sauf aux toilettes où je faisais des séjours extrêmes pour me "ressourcer" (!)] Que dire de celles qui sont contraint/es de camper sous un pont où des garnements les matent à toute heure en toute légalité? Offertes en pâture est le mot qui convient. Se laver devait obligatoirement se faire à la rivière, on peut douter qu'elles aient eu l'eau courante, ou étant donné les regards, à l'intérieur d'où probablement des transports épuisants de seaux hiver comme été. Avec plusieurs enfants, imaginons la fatigue! 
Des gens peu intégrés, vivant d’une manière marginale et comme tels un peu inquiétants ! C’est du moins l’image que j’en avais mais à la réflexion c’était d’abord une population considérée comme au bas de l’échelle sociale. Et d’ailleurs un ouvrier agricole posait cette question à ses enfants en parlant de ses patrons qui lui procuraient emploi et revenu : "Qu’est-ce que nous serions si ce n’étaient pas eux ?" A quoi les enfants devaient répondre " Des Caraques !" Notons ici le "à la réflexion" comme s'il avait fallu une réflexion pour percevoir l'évidence, apparemment tardive. Et soulignons que c'est un intellectuel humaniste écolo qui écrit, un instit je crois (!).. et qu'apparemment personne n'a jugé bon de reprendre l'ouvrier agricole tenant de tels propos à ses enfants, erronés à deux titres.
On les considérait comme chapardeurs, ce qui n’était sans doute pas tout à fait inexact. D’ailleurs un des Stambul, assez copain avec mon père, lui avait livré cette phrase qui avait valeur de quasi aveu : "Nous ne volons rien à personne mais le premier fruit est pour nous !" On glisse ici du "on dit" à une salve de circonlocutions perverses en double négation : "pas tout à fait inexact", "presque" preuve, "quasi" aveu (interprétation d'une phrase banale qui ne signifie nullement la reconnaissance de quoique ce soit, les gitans, proches de la nature par la force des choses, vivant beaucoup de cueillette). C'est dit, ils sont chapardeurs et arnaqueurs (les chevaux), du reste ils le reconnaissent eux-mêmes, mais ce n'est pas grave, ça n'empêche que l'on soit "assez" copain avec certains.. (!) "Copain", non bien sûr, mais "assez", c'est bien suffisant. Quid de la mère de l'auteur "amie" avec une gitane? Mais relisez, ce n'était qu'une femme ayant des "antécédents" et encore parmi les "gens du voyage", blanchie par son mariage et sa sédentarisation, ce qui change tout, ça fait même style, (on n'est pas racistes) etc..



Maintenant, transposons le texte...
avec le mot juif et les épithètes à leur encontre

"Clé, comme toutes les communes du Midi, connaissait les juifs errants. Le mot que l’on employait pour les désigner était "youpins". Certains d’entre eux, il me semble que c’était le cas des Stambul, avaient même une maison dans le village. Dans la rue du Moulin habitaient un frère et une sœur qui devaient s’appeler Levy. Lui parti, elle a continué à survivre là de manière misérable, sans aucun confort. Elle ne devait avoir ni eau ni électricité et sans doute pas de revenu. Cette maison, appelée la maison de la juive, a été récemment démolie de même qu’une remise voisine qui appartenait à Pierre Borie. Ainsi a été créée une petite place, baptisée la Place des platanes, que l'on a conservés.

Une autre personne du village, amie de ma mère, avait des antécédents chez les hébreux mais elle s’était mariée et sédentarisée. Elle savait réparer les poussettes et on la désignait sous le nom de La Poussetièra.. Quelles étaient les activités des juifs ? Vanniers sans doute, commerçants aussi. On voyait surtout des femmes qui proposaient du fil, des aiguilles, du tissu, des fioles contenant un produit permettant de fabriquer du pastis. Quelques-uns achetaient et vendaient des chevaux. Il paraît même qu’ils savaient les maquiller. Certains, les Jolo je crois, s’étaient spécialisés dans le trafic des voitures.

A cette époque il n’y avait pas d’aire d’accueil pour les forains israélites (oui encore une expression pour les désigner) et ils stationnaient un peu partout, notamment à la sortie de Clé sur la route de Malines. C’était encore le temps des roulottes tirées par des chevaux qui n’auraient pas remporté de prix à Longchamp ! Ils se nourrissaient comme ils pouvaient, broutant l’herbe des talus. Mon père avait raconté le tour imbécile, il aurait pu être dramatique, que les jeunes du village, lui-même y avait peut-être participé, avaient joué à des juifs qui avaient mis leur roulotte dans une terrain en pente : ils avaient enlevé les cales qui la maintenaient immobile !

L’été il arrivait que s’installait sous le pont qui enjambe la Cèze toute une tribu. Les enfants étaient dépenaillés, les femmes vêtues de noir, les hommes pas très présents… C’était un spectacle car nous étions au contact direct depuis le pont avec eux et leur intimité. J’ai le souvenir précis d’une corneille ou d’un corbeau qui avait été élevée par ces gens et qui circulait librement parmi eux sans chercher à fuir. Des gens peu intégrés, vivant d’une manière marginale et comme tels un peu inquiétants ! On les considérait comme chapardeurs, ce qui n’était sans doute pas tout à fait inexact. D’ailleurs un des Stambul, assez copain avec mon père, lui avait livré cette phrase qui avait valeur de quasi aveu : "Nous ne volons rien à personne mais le premier fruit est pour nous !"

Impressionnant, isn'it ? Le MRAP et la LICRA, suivis par la LDH attaqueraient aussitôt. Antisémitisme. Le mot "antiromisme" n'existe même pas.  
Note : ces propos sur les juifs qui semblent controuvés étaient réellement tenus à l'encontre de ceux d'Espagne et d'Angleterre fuyant les pogroms du 15ème siècle*. "Sales, pouilleux, voleurs, avec de trop nombreuses familles, vivant de trafics ou de charité sociale..." Quelque temps après, intégrés, leurs enfants ayant fait de bonnes études, on leur reprocha de s'être accaparés les meilleures places, spoliant les "vrais" autochtones etc... ("Histoire de l'antisémitisme"  Léon Poliakov)
* Accueillis pourtant avec bienveillance par le roi Casimir III désireux de relancer l'économie du pays, tout comme Sigismond 1er de Bohême peu avant accueillit les roms, autre similitude.



 Le juif errant, cordonnier dans le mythe


(2) Protection des rroms par Sigismond 1er de Bohême

Suite de l'article précédent (lien)...



Casimir III Jagellan, (1437/1492) de Pologne et Sigismond 1er de Bohême, (1370/1437)  accueillirent les juifs et les roms, pour relancer l'économie et pour leur savoir faire utile aux armées, ce qui n'empêcha pas un certain racisme, moindre toutefois qu'en Angleterre, Espagne, Portugal... du moins tant qu'ils furent utiles. 

Lettre de protection de Sigismond 1er de Bohême en faveur des roms
"Nous, Sigismond, roi hongrois, tchèque (c'est à dire la Bohême) dalmatien, croate... notre Ladislav, seigneur fidèle, chef de son peuple tsigane, nous a demandé humblement de solliciter notre indulgence exceptionnelle. Nous vous prions donc de bien vouloir tenir compte de cette supplique et de ne pas refuser cette lettre. Si Ladislav mentionné plus-haut et ses gens apparaissent à un quelconque endroit de notre empire, en ville ou à la campagne, vous êtes prié de lui faire preuve de la même fidélité que vous avez à notre égard. Protégez-les pour que Ladislav et son peuple puissent séjourner sans préjudice entre vos murs. S'il y a parmi eux un ivrogne ou un bagarreur, nous ordonnons que Ladislav soit seul à avoir le droit de juger, de punir, de pardonner, et de l'exclure..." Yvon Massardier, cité par "Beaujarret" (lien)


Ce qu'on voyait autrefois

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Excellent article dans "La Marseillaise" d'Isabelle Jouve ce jour le 20 août appelant pour samedi 4 septembre à partir de 17 heures devant le théâtre à un "cercle du silence"... article dont je ressors cette citation de Bernard Deschamps (lien) -association des anciens appelés en Algérie contre la guerre-. 




"Les déclarations du Président et les décisions de son gouvernement sont contraires aux principes de la république issus de la révolution de 1789 qui ne reconnaissent que des citoyens et non des ethnies. 


Ce sont des populations entières qui sont jetées en pâture et contre lesquelles des dispositions sont prises pour restreindre les libertés individuelles. L'état français, par son comportement... ouvre la voie aux pires débordements et justifie par avance les actes de violence dont cette population pourrait être victime..."
Y a-t-il un avocat dans la salle ? Question pour Ralph Blindauer : tout ceci est-il très "légal" ? Ca sent un peu le Vichy,  isn't it?                   
 Un concept : Sarkopet    ---------------->

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Vichy - Pas Vichy ?
Gosselent, (lien) "Le monde diplomatique"
"Peut-on comparer l’attitude actuelle de la France à l’égard des Roms à celle de Vichy à l’égard des Juifs? Non, car tant qu’il n’y aura pas menace de mort et mort effective, c'est sans commune mesure. Oui car eût égard à ce que nous savons de la notion de génocide aujourd’hui -que le monde de Vichy ignorait- nous devons être tout particulièrement vigilants quant aux droits de gens dont des parents ont été victimes d’un génocide -et qui peuvent donc l'être à nouveau-. Quand on essaye d’imaginer ce qui se passerait si un pays d’Europe avait cette attitude à l’égard de sa population juive, on comprend immédiatement en quoi l’attitude française est inacceptable. Une telle attitude contre les Juifs est tout simplement impensable, inimaginable partout dans le monde, même en Iran, en Corée du Nord, au Soudan...
Apparemment, avec les Roms, ça n’est pas pareil, c’est un génocide certes, mais ça ne donne pas d’obligation morale à protéger spécifiquement les droits des victimes ou de leurs descendants. La France -qui a reconnu le génocide arménien- vient d’inventer une catégorie, le sous-génocide, le génocide qui n'impose aucune obligation morale, dont on n'a pas à tenir compte..."
"Mon père à eu des très bons amis d’enfance Roms et il nous a prénommés mon frère et moi avec les prénoms de ces deux amis. Il y a deux points que je trouve important de souligner à propos des Roms et de leur culture. La société Rom est très orientée vers la transmission de divers savoir-faire, d’individu à individu. Compte-tenu -cause et conséquence- de leur itinérance -voulue et subie- les Roms ont eu peu accès à l’école mais ils ont su transmettre des savoir-faire -notamment artisanaux et artistiques mais aussi médicinaux- de générations en générations.

De ce point de vue, leur approche de la connaissance est similaire à celle de ceux qu’on appelle Peuples Premiers (Autochtones, Aborigènes, Premières Nations). La pédagogie est indissociable des structures de base de la société, notamment la famille.
Et pour ce qui est justement du lien entre les Roms et un territoire originel, il convient de noter que les Roms ont suivi, des siècles plus tard, le trajet des Indo-Européens. De ce point de vue, leur périple est absolument remarquable ethnologiquement, puisqu’ils ne savaient rien des Indo-Européens et n’avaient pas non plus conscience de faire un périple, ils changeaient simplement souvent d’endroit, et ces changements ont constitué un périple seulement après plusieurs générations. Pour les individus, ce périple était invisible, et inconscient. C’est tout à fait remarquable que les Roms aient reconstruit ce périple sans le savoir et qu’ils aient été les seuls à le faire.
Excusez le parallèle entomologique mais cela me fait penser au périple des papillons Monarque en Amérique du Nord qui font une migration qui leur prend plusieurs générations. Personne n’a à ce jour découvert comment ils pouvaient refaire le trajet de leurs parents sans l’avoir appris d’autres individus."
Note de moi : lorsqu'on lit un article de journal ou qu'on entend un discours à leur sujet, remplacez toujours mentalement le mot "rom" par le mot "juif" et vous verrez tout de suite l'effet que ça fait... merci à Roland Matteoli (lien) de "datzibaoued" qui m'en a fait prendre conscience ! Je ne trouvais rien de grave à voir écrit dans les feuilles de chou régionales ou nationales "le gendarme qui a tué un gitan" etc... Oui, c'était bien le cas, non? Et lorsque j'ai remplacé le mot "gitan" par le mot "juif"... Ca change tout ! Honte à moi.
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